Alors qu’un nouvel épisode de blanchissement de corail a débuté en octobre en Martinique, la Direction de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DEAL) lance un appel à participation pour inviter la population à partager en ligne ses observations sous-marines afin de documenter ce phénomène.
Aider la Direction de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DEAL) de Martinique à documenter le phénomène actuel de blanchissement du corail, à évaluer son ampleur, les espèces les plus touchées et les répercussions sur les récifs coralliens pour les années à venir ? C’est tout l’objet du suivi participatif qu’elle vient de relancer.
En effet, depuis le 15 avril 2024, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a confirmé que la planète subissait le quatrième épisode mondial de blanchissement des coraux, le second en moins de 10 ans, qui continue de s’étendre et de s’aggraver. Entre le 1er janvier 2023 et le 10 octobre 2024, environ 77% des récifs coralliens du monde ont blanchi, dans 74 territoires dont la Martinique. En cause, la température de surface record des océans avec une accumulation de chaleur particulièrement extrême et sans précédent dans l’océan Atlantique. L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée, sous l’effet du changement climatique accentué par le phénomène météorologique El Niño.
« La hausse de température anormale de l’eau stresse les coraux qui expulsent alors leurs zooxanthelles, des algues vivant en symbiose avec eux qui leurs fournissent les nutriments dont ils ont besoin. Privé de ces algues, le corail perd sa couleur, laissant apparaître uniquement son squelette calcaire blanc (d’où le nom de blanchissement) et peut mourir si le stress perdure plusieurs semaines ou plusieurs mois » explique la DEAL.
En Martinique, un premier épisode de blanchissement a eu lieu pendant trois mois de septembre à novembre 2023. « Un suivi scientifique a mis en évidence que ce blanchissement avait impacté 81% de la couverture corallienne et provoqué la perte de 34 % de cette dernière » rapporte-t-elle avant de déplorer que ce schéma se répète en 2024. Les espèces les plus impactées sont le corail corne d’élan (Acropora palmata), le corail digité (Porites porites), le corail feu (Millepora sp.), un corail de la famille des Agarices (Agaricia humilis) et le corail laitue (Agaricia agaricites). « Après de nouvelles alertes de la NOAA, un nouvel épisode de blanchissement s’est confirmé en Martinique début octobre, grâce à des observations de plongeurs » indique-t-elle.
C’est pourquoi elle lançait le 12 novembre dernier un appel à participation destiné à tout le monde du plongeur en bouteille au plongeur en palme masque tuba. Il leur suffit ensuite de renseigner leurs observations sous-marines sur le site de l’AGRRA (Atlantic and Gulf Rapid Reef Assessment), où un formulaire est à remplir en indiquant entre autres le site, la profondeur, les espèces de coraux observés et avec possibilité de joindre des photos à l’appui. Une notice est en outre accessible sur le site internet de la DEAL pour vous aider dans vos signalements au lien suivant : Le site internet de la DEAL Martinique. « Il est à noter que les observations sur l’absence de blanchissement sont tout aussi importantes que celles de sa présence pour comprendre l’étendue et la structure de l’événement. Les informations que vous allez collecter permettront de renseigner l’ampleur du phénomène que la Martinique connait actuellement et ses répercussions pour les années à venir » précise la DEAL.
Elle explique en outre pourquoi il est important de protéger les coraux. En effet, si les récifs coralliens ne couvrent que 0,2 % de la surface des mers, ils abritent plus de 25 % de la biodiversité marine mondiale, soit près de 60 000 espèces décrites à ce jour. « Écosystèmes parmi les plus diversifiés de la planète, ils apportent de nombreux services à l’Homme puisqu’ils font vivre directement ou indirectement 500 millions de personnes, dont 40 millions de pêcheurs » rappelle la DEAL. Elle ajoute qu’à l’échelle de la Martinique, les récifs coralliens procurent d’importants bénéfices économiques, écologiques et sociétaux (évalués à environ 170 millions d’euros pour l’économie martiniquaise) : ils procurent des emplois à la population locale grâce au tourisme, à la pêche et aux loisirs ; ils servent d’abri pour les poissons, participant ainsi à la préservation de la biodiversité ; ils ont un effet brise-lames, qui réduit le risque de submersion et aide à protéger les communautés côtières des cyclones et de l’érosion par les vagues.